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L’analyse vidéo-informatique du football professionnel

C. Carling, LOSC Lille Métropole Football Club, Centre de Formation

Le football moderne exige une préparation sur le plan individuel et collectif encore plus
minutieuse à cause du nombre grandissant de matches, de périodes de récupération réduites et des
demandes du jeu qui ne cessent d’augmenter d’année en année (Reilly & Williams, 2004). Les
systèmes d'analyses vidéo-informatiques ont progressivement été adoptés par les techniciens des
équipes professionnelles qui cherchent à améliorer leur compréhension du jeu, leur préparation et
bien évidement leurs résultats. L'analyse vidéo-informatique de la performance fournit un moyen
d’étudier les caractéristiques de la performance individuelle ou collective sur les plans athlétique,
technique et tactique. Les informations fournies par les systèmes d’analyse aident à concevoir et à
mener des programmes d’entraînement en fonction de la prestation des joueurs. Ces outils
fournissent des informations statistiques détaillées sur les forces et faiblesses des adversaires et
aident dans le choix de l'effectif et dans le recrutement de joueurs. Ils donnent également la
possibilité de créer une base de données pour le stockage, le traitement et la visualisation de tous
types de information sur la performance et ceci pour n’importe quelle période de temps défini.
Un entraîneur pourrait ainsi évaluer l’évolution de la performance de son équipe à travers toute
une saison.
Depuis quelques années, l’analyse informatique a progressé de la simple analyse
d’évènements « classiques » (tirs, passes, duels,…) sur enregistrement numérique des matches
affichés dans une interface spécialisée, au développement de systèmes dits de « tracking » dans
lesquels les déplacements des joueurs sont suivis, enregistrées et reproduits sous forme de
simulations en deux dimensions (Figure 1). Le système AMISCO (Sport-Universal Process,
France), localise les positions et suit les déplacements des joueurs, 25 fois par seconde, en
utilisant du matériel vidéo et informatique standard sans aucune intervention sur les conditions de
la compétition (Carling, 2003). Il s’agit d’un système multi-caméra lié à un logiciel d'analyses
performant basé sur le traitement d'images et sur des algorithmes mathématiques, et qui fournit
plus de 2 millions de données par match analysé. D’autres technologies pour analyser
automatiquement les déplacements des joueurs existent aussi telles que les puces électroniques
embarquées (LPM Soccer 3D system, Inmotio, Pays-Bas) et les GPS (GPSports, Australia).
Toutefois, les puces électroniques et les GPS sont encore interdits en match officiel car ils
impliquent l'équipement électronique des joueurs. Cependant plusieurs clubs de la Premier
League en Angleterre les utilisent durant leur préparation car ils fournissent non seulement des
informations sur les déplacements (vitesse, distance, temps de récupération) mais également des
données sur la fréquence cardiaque des joueurs. Les techniciens peuvent donc mieux quantifier et
contrôler la charge de travail (l’intensité et la durée des efforts) en entraînement. Le dernier cri
des puces électroniques embarquées connu sous le nom du Biotrainer (Citech, Australia) semble
aller plus loin en termes de résultats en fournissant des informations en temps réel sur la
respiration et le niveau d’hydratation du joueur. Malheureusement, la validation scientifique de
ces systèmes n’a pas toujours été effectuée et souvent nous n’avons pas d’informations
disponibles sur la précision des données produites mis à part les revendications du fabriquant
(Carling et Coll, 2008). De même, la définition des événements du match utilisée par les
opérateurs ne correspondent pas forcement à celles des techniciens et peuvent mener à des
désaccords sur la fréquence de certains résultats. Finalement, la quantité de résultats fournie par
le système exige un travail d’exploitation assez conséquent de la part du staff technique.

 
Fig 1. La reconstruction du jeu en 2-dimensions par le système AMISCO (Carling et al, 2005).
 

Néanmoins, grâce aux analyses du jeu professionnel et international, des études ont pu
identifier qu’une équipe de haut niveau a plus de chances de marquer à partir d’un corner rentrant
(71%) qu’un corner sortant (21%), que les équipes gagnantes ont un meilleur ratio du nombre de
buts par rapport au nombre de tirs (5 à 1 vs 16 à 1 pour les équipes perdantes) et que la plupart
des buts sont marqués après des séquences de jeu de moins de 3 passes et de moins de 10
secondes (Carling et Coll, 2005). Une étude récente sur la Coupe du Monde 2006 a illustré
l’importance des coups de pieds arrêtés car ceux-ci étaient à l’origine de 27% des buts marqués et
que la plupart des occasions de but étaient obtenues grâce à des récupérations de balle dans le
dernier tiers du terrain (Breen et al, 2007). En ce qui concerne la performance physique, un
joueur de haut niveau doit en moyenne courir 11 kms et effectuer une succession de sollicitations
explosives de l’ordre d’une action de haute intensité toutes les 60 secondes (Reilly & Williams,
2004). Les sprints dépassent rarement une distance et durée de 20 mètres et 4 secondes
respectivement mais la performance physique dépend du poste de joueur et des tactiques de
l’équipe (Di Salvo et Coll, 2007). On observe régulièrement une baisse de la distance parcourue
entre les deux mi-temps (en moyenne -3.1%) et une réduction du nombre d’actions en haute
intensité en fin de match (Carling et Coll, 2008). Lorsqu’un footballeur participe à plusieurs
matches dans une lapse de temps réduit (par exemple, 3 matches en une semaine), on voit que sa
performance en sprint baisse de façon significative au fil des matches (Odetoyinbo et al, 2007).
Ces résultats sont tous d’une grande importance dans la compréhension des exigences du football
moderne et pour aider les techniciens à concevoir et mettre en oeuvre des stratégies de jeu
optimales.

 
Références
Breen, A., Iga, J., Ford, P. and Williams, M. (2007). World Cup 2006 - Germany. A Quantitative Analysis of Goals Scored. Insight - The F.A. Coaches Association Journal. 45-53.
Carling, C. (2003). Outils d'évaluation des stratégies de jeu en sports collectifs. Cahiers de l’INSEP, 34, 147-151.
Carling C, Bloomfield, J, Nelsen, L et al. (2008) The role of motion analysis in elite soccer: Contemporary performance measurement techniques and work-rate data. Sports Medicine, (sous presse).
Carling, C. Williams, A.M., et Reilly, T. (2005). The Handbook of Soccer Match Analysis: A Systematic Approach to Improving Performance. Routledge: London.
Di Salvo V, Baron R, Tschan H, et al. (2007) Performance characteristics according to playing position in elite soccer. International Journal of Sports Medicine, 28, 222-227
Odetoyinbo K, Wooster B Lane A. (2007) The effect of a succession of matches on the activity profiles of
professional soccer players. VIth World Congress on Science and Football, Book of Abstracts, January 16-20.
Reilly & Williams (eds) (2004). Science and Soccer II. Routledge: London.

 

 
 

 

 
 
 

 
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