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Evaluation multicritères de l’état de fatigue chez le footballeur. |
J. Cassirame EA 3920 physiopathologie cardiovasculaire et prévention, université de Franche Comté (France) Consulting Sportif Bisontin, Besançon (France). |
B. Krattinger Consulting Sportif Bisontin, Besançon (France) |
N. Tordi EA 3920 physiopathologie cardiovasculaire et prévention, université de Franche Comté (France) |
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Introduction |
La fatigue est un élément indissociable de l’entrainement chez les joueurs de football de hautniveau.
L’entraîneur doit sans cesse jouer avec la balance charge/récupération pour espérer obtenir
le meilleur des athlètes. La fatigue doit être appréhendée par le staff technique et médical dans le
but d’éviter son installation durable (surentraînement), ainsi que la baisse de performance qui
l’accompagne. A ce titre les entraîneurs doivent pouvoir évaluer de manière précise et objective les
différents aspects de la fatigue de chaque joueur. Pour cette étude une équipe de football de niveau
CFA a été suivie sur une saison de façon à appréhender les différents marqueurs de la fatigue,
rapidement quantifiables, de façon objective par un staff technique (Urhausen, 2002). |
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Méthode |
Pour cela un test spécifique à été réalisé chaque mois 3 jours après un match, sur cette population
de 16 joueurs (taille : 179,2 ± 6 cm ; poids : 73,3 ± 6 Kg ; Masse grasse : 12,45 ± 1,1 % ; VMA :
16,6 ± 0,8 Km/h). Pour cette étude, 3 joueurs ont été blessés durant cette période en n’ont pas pu
réaliser un ou plusieurs tests, leurs résultats n’ont donc pas été pris en compte. Le test mis en place
était un test de 45 secondes de sauts avec flexions standardisées, à la suite desquelles 5 minutes de
récupération en position assise. Durant ce test la hauteur de chaque saut était repérée à l’aide de
barre Optojump (Microgate, Bolzano, Italy), et la fréquence cardiaque battement à battement était
enregistrée avec des cardiofréquencemètres Polar RS 800 (Polar Electro, Oye, Finlande).
L’ensemble des tests s’est déroulé dans les mêmes conditions et à des heures similaires de façon à
ne pas obtenir de changements d’état naturels.
Les résultats de ces tests ont été ensuite extraits pour repérer chez chaque sujet plusieurs
paramètres :
• musculaire : le coefficient d’explosivité (somme des trois premiers sauts), la hauteur totale
(somme de tous les sauts), nombre de sauts, coefficient directeur de la pente de fatigue.
• cardiaque : fréquence cardiaque atteinte, réactivation parasympathique post exercice d’après
l’analyse de variabilité de fréquence cardiaque (rMSSD). |
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Résultats |
Pour la population étudiée, on constate une moyenne de la
somme des sauts sur 45 secondes de 1028,4 ± 89 cm et
105,4±20 cm pour le coefficient d’explosivité. (Figure 1)
Au niveau de la fréquence cardiaque (FC) les
investigations portées sur la FC atteinte durant le test montrent une très grande variation pour un sujet au cours de la saison. On remarque des valeurs
moyennes de 159 ± 10 battements par minutes (bpm) pour l’ensemble des athlètes et des écarts
types de 9 bpm pour un même athlète durant la saison.
Aussi l’analyse de la variabilité de l’intervalle R-R (VarRR) a été étudiée à l’aide du logiciel
Kubios HRV Analysis (Kubios Analysis, Kuopio, Finlande). Pour chaque test, la FC enregistrée
battement à battement a été analysée sur la partie post effort, le paramètre temporel (rMSSD) a été
recherché sur des fenêtres de 30 secondes, le début de chaque fenêtre se décalant de 5 secondes.
(Figure 2). L’analyse de cette variable montre un pic de rMSSD vers 2 minutes et 40 secondes en
moyenne ± 21 secondes post exercice.
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Conclusion et discussion |
Les mesures réalisées sur cette population de footballeur nous permettent de montrer l’efficacité de
marqueurs de fatigue. Du point de vue musculaire on remarque une très bonne corrélation entre la
hauteur totale des sauts et l’état de forme ressenti par les sujets (CR10) ainsi qu’avec le coefficient
d’explosivité. Cette information vérifie le constat de Koudétadis (2000) qui a démontré chez une
population de danseurs, une diminution de la force des quadriceps lors de période de fatigue ou de
surentrainement. Au niveau cardiaque on peut voir que la FC atteinte durant le test ne donne pas
d’informations pertinentes sur l’état de l’athlète car celle-ci possède une très grande variabilité et ne
comporte aucune corrélation avec d’autres paramètres. Cette variable n’est donc que très peut
utilisable dans ce contexte pour déceler la fatigue des footballeurs. Pour finir, l’analyse de la VarRR
montre une réactivation du système nerveux parasympathique plus rapide pour des athlètes en
bonne forme physique. On remarque que la réactivation parasympathique montre des variations
significatives avec l’entraînement (Buchheit 2007). Pour cette étude on retrouve des pic de rMSSD
jusqu’à 1 minute plus rapide dans le cas de forme optimale ainsi qu’une très forte corrélation entre
la somme des sauts et le délai de réactivation de rMSSD (R2 =0.81). Une seconde phase d’analyse
permettra de mettre en évidence ces variations avec la charge d’entraînement qui n’as pas été
exploité pour cette étude.
Cette étude permet de montrer qu’un monitorage régulier de l’état de forme à l’aide de tests
standardisés permet de déceler des états de fatigues et ainsi individualiser l’entraînement des
joueurs. Nous etiendrons la somme des sauts sur 45 secondes ainsi que la réactivation de rMSSD
comme des marqueurs performants de la fatigue chez les footballeurs. |
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Références |
Koudetakis, Y. “Burnout” in Dance, The Physiological Viewpoint. (2000) Journal of Dance
Medicine & Science Volume 4, Number 4. p123.
Buchheit, M. Laursen, P. Ahmaid, S. Parasympathetic reactivation after repeated sprint exercise.
(2007) Am J Physiol Heart Circ Physiol 293:133-141.
Urhausen, A. Kindermann, W. Diagnosis of Overtraining What Tools Do We Have? (2002) Sports
Med 2002; 32 (2): 95-102 |
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